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2007

Calidad de la democracia, América Latina Hoy. Revista de Ciencias Sociales, n°45, Salamanca, Ediciones Universidad de Salamanca, avril 2007, 186 p.

Adeline Joffres

Texte intégral

1Il y a déjà trois ans était publié le rapport du le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) intitulé « La democracia en América latina. Hacia una democracia de cuidadanas y cuidadanos »1 qui s’appuyait sur un bilan positif de l’évolution politique de la région comme en témoigne la déclaration de Kofi Annan à l’époque :

« América Latina es la única región del mundo en desarrollo donde la democracia es hoy casi universal. Ese logro, que inspira al mundo, debe preservarse. El éxito democrático de América Latina es importante para el mundo entero”.

2Pourtant, au début des années 2000, la presse a plutôt tendance à pointer du doigt la fragilité de cette apparente stabilité démocratique bouleversée par l’arrivée de leaders atypiques sur la scène politique latino-américaine. Les indicateurs tels que ceux fournis par Freedom House viennent également nuancer cet enthousiasme2. Plus de dix ans après sa création en 1995, le « latinobarómetro », outil essentiellement basé sur des enquêtes d’opinion visant à mesurer le développement de la démocratie et des économies en Amérique latine, conduit à questionner la validité de cet optimisme. La question de la qualité de la démocratie paraît donc être une interrogation centrale pour comprendre la réalité de l’enracinement de la démocratie en Amérique latine ainsi que ses faiblesses, comme dans toute région ou pays s’en réclamant et pour tenter d’entrevoir ses évolutions futures.

3A travers cinq études de cas portant sur la Colombie, le Mexique, le Pérou et le Venezuela, et cela dans une optique de politique comparée, ce numéro spécial de la revue América Latina Hoy tombe donc à point nommé. Ces études de cas sont encadrées par l’article conjoint de Daniel H. Levine et José Enrique Molina, très intéressant, qui, en rappelant les fondamentaux de la théorie de la démocratie, cassent des idées préconçues avec beaucoup de clarté et d’efficacité. En effet, les auteurs adoptent la vision procédurale de la démocratie et différencient bien qualité de la démocratie et bonne gouvernance comme point de départ à toute réflexion sur la qualité de la démocratie dans le sous-continent et en général. Cette conception procédurale conduit les auteurs à envisager la qualité de la démocratie centrée sur « cinq dimensions conceptuelles : 1) la décision électorale, 2) la participation, 3) la réponse à la volonté populaire, 4) la responsabilité et 5) la souveraineté ». La qualité de la démocratie est donc définie selon des critères diversifiés mais toujours liées aux droits qui les accompagnent et aux conditions dans lesquelles ces derniers sont exercés.

4Chaque article, par la suite, se concentre sur une variable clef, différente selon le pays étudié, pour rendre compte de la qualité de la démocratie par rapport aux critères fixés au préalable par Levine et Molina. L’avantage est tout d’abord de démontrer que les perceptions sont différentes d’un pays à un autre dans une région très hétérogène malgré un ciment culturel commun. Il s’agit également d’attirer l’attention sur le caractère évolutif et multidimensionnel du concept de démocratie qui ne prend corps qu’en considérant le comportement, les attentes et la capacité de mobilisation des citoyens, l’opportunité qu’ils ont d’exercer leurs droits, et non pas seulement en analysant la nature et la structure des institutions.

5Chaque étude de cas est ainsi centrée sur sa propre évolution de la démocratie afin d'en dresser un tableau et le bilan actuel. Alors que le système politique colombien semble être un modèle de stabilité, une guerre civile met toujours en péril la sécurité des citoyens et fragilise la « croyance » en un système démocratique institutionnellement très avancé. Au Mexique, le niveau socio-économique semble être le référent clef influençant la participation électorale : plus les revenus sont élevés, plus la participation est forte. Pourtant, les auteurs montrent qu'il existe d'autres formes de participation ou d'expression alternatives parallèles qui garantissent une certaine qualité à la démocratie mexicaine. D'une certaine manière, l'informalité des pratiques est donc prise en compte. La qualité de la démocratie péruvienne est quant à elle mesurée à l'aune de l'évolution des institutions politiques du Pérou, en particulier du pouvoir exécutif modelé par les présidents qui se succèdent à sa tête. L'étude du cas du Venezuela présente quant à elle la particularité de se focaliser sur la période récente (1999-2006). Ainsi, du constat d'un "régime autoritaire électoral", en d'autres termes, d'une démocratie de façade, les auteurs évoquent le contexte particulier dans lequel la situation vénézuélienne s'est déclinée depuis 1998. Cette "transition" vénézuélienne est donc l'occasion de nuancer les critères évoqués comme "étalon" de la qualité d'une démocratie, rappelant à juste titre que ce concept demeure un modèle idéal, sans pour autant n’attendre aucune amélioration de la situation actuelle ni craindre certaines dérives.

6Deux articles supplémentaires très documentés traitent ensuite d’une part, de l’influence régionale des politiques étrangères brésilienne et argentine dans la période récente, et d’autre part, des luttes de partis lors des élections parlementaires au Brésil durant la période 1982-2002.

7Un numéro très enrichissant et surtout, qui pose les bonnes questions. En effet, embrumés par des siècles de démocratie représentative, nous avons souvent tendance à omettre quelques règles de base que certains théoriciens tels que Robert Dahl ont rappelé à juste titre : à savoir que la démocratie demeurait un idéal qui, bien souvent, biaisait notre jugement. La question de la qualité de la démocratie est donc centrale, et ce numéro de América Latina Hoy qu’il est possible de retrouver sur  http://www.usal.es/​~iberoame/​americalatinahoy/​index.htm, a le mérite de le rappeler et de le démontrer par le choix judicieux de ses études de cas.

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Notes

1 Publié en septembre 2004, ce rapport est accessible en format pdf. sur le site Internet du PNUD à l’adresse suivante :

http://www.democracia.undp.org/Calendario/Eventos.asp?Menu=28&Idioma=1&Evento=34 .

2 Ces indicateurs sont disponibles sur le site Internet de Freedom House ; voir : http://www.freedomhouse.org/template.cfm?page=1 .
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Pour citer cet article

Référence électronique

Adeline Joffres, « Calidad de la democracia, América Latina Hoy. Revista de Ciencias Sociales, n°45, Salamanca, Ediciones Universidad de Salamanca, avril 2007, 186 p. »Nuevo Mundo Mundos Nuevos [En ligne], Comptes rendus et essais historiographiques, mis en ligne le 12 septembre 2007, consulté le 16 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/nuevomundo/8302 ; DOI : https://doi.org/10.4000/nuevomundo.8302

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